En deux jours et trois nuits sur place, nous avons pu rayonner dans la région d'Ise-shima, grâce à une voiture louée dans le sud de Kyoto.

La sensation de liberté que nous procure à chaque fois le fait d'être au volant d'une voiture japonaise m'était difficilement compréhensible : les transports en commun sont très développés sur tout l'archipel et d'une ponctualité sans faille. A part l'affluence pendant les heures de pointe dans les grandes villes, nous n'avons jamais été déçus par les trains, bus etc...

Pourtant, avoir une voiture permet de sortir des grandes lignes, des autoroutes du tourisme et de gagner du temps.

Nous avons logé dans une auberge de jeunesse située dans un vieux temple, sur les hauteurs de Futami no ura, la petite ville balnéaire, certes à la gloire passée, où se trouvent les fameux Meoto iwa, les rochers mariées, que tous ceux qui se sont intéressés de près ou de loin au Japon, ont dû voir un jour en photo.

rochersmaries 

Ce sont deux rochers sacrés, reliés par une corde pesant une tonne, changée lors d'une cérémonie shintoïste trois fois par an, qui représentent les divinités Izanagi (le rocher mâle, le plus gros) et Izanami (le rocher femelle), parents d'Amaterasu, principale divinité shinto. Le nec plus ultra est de se lever à l'aube en été pour voir le soleil se lever entre les deux rocs et si on a beaucoup de chance, peut-être apercevoir au loin la silhouette du Mont Fuji (on n'a jamais réussi à se lever assez tôt !).

miko futami

 

Futami est une ville côtière très paisible où il ne passe pas grand-chose mais elle est bien placée pour rayonner dans la région et la balade le soir jusqu'aux rochers mariées est très agréable.

plaquettes votives

rochers maries

Certes, notre hébergement était des plus basiques, voire un peu "roots" pour certains, mais le lieu m'avait plu il y a deux ans : imaginez un petit hameau à traverser, un long escalier en pierre qui grimpe jusqu'à un vieux temple peu entretenu, à l'orée d'une forêt de cèdres du Japon et une ancienne bâtisse de bois et de bric et de broc qui fait office d'auberge de jeunesse (mais où les moins jeunes sont également acceptés). L'intérieur réserve de belles pièces à tatamis, à la beauté fanée, et un petit jardin intérieur à l'abandon (une chambre ouvre sur ce jardin). Les pièces communes (grande cuisine, lavabos et salle de bain familiale) sont sans charme et ressemblent plus aux communs d'un camping. Evidemment, malgré les nombreuses moustiquaires aux fenêtres et portes, on a toujours de la compagnie (comme souvent au japon, il faut l'avouer, et on est loin des critères européens concernant les insectes !), ce qui nous a valu quelques frayeurs.

En dehors de nos amies les araignées et les blattes (on a les mêmes à Kyôto), on y a croisé peu de monde et il n'est pas rare d'avoir l'auberge pour soi (la dame qui la tient habite dans une maison à côté).

daigojivue haut daigojiDu temple, on peut suivre de nombreux sentiers de randonnée qui offrent de belles vues sur la mer

 

Nous sommes allés voir les grands sanstuaires shintoïstes d'Ise, le Gekû (intérieur) et le Naikû (extérieur), construits probablement vers 478, dédiés à la déesse Amaterasu. Ce sont les sanstuaires les plus sacrés de la religion shintoïste et étroitement associés à la dynastie impériale. Ce sont de hauts lieux de pélerinage pour les japonais et aussi surprenant que cela puisse paraître pour nous...on ne peut pas les voir !

entree sanctuaire ise

pont ise naiku

Le pont Uji au sanctuaire Naikû

En réalité, les sanstuaires sont détruits complètement et reconstruits à l'identique tous les 20 ans depuis le 7ème siècle. Ils représentent le cycle naturel, la purification et la régénération, l'éphémère et l'éternel. La prochaine cérémonie de reconstruction aura lieu en 2013.

entree gekuEntrée de l'enceinte du Gekû

Nénamoins, malgré les trois palissades qui cachent presque complètement la vue (on peut apercevoir une partie du magnifique toit en chaume de ces constructions dont l'architecture est de la tradition japonaise la plus pure, sans aucune influence puisque copiée à l'identique depuis le 7ème siècle) et les gardes qui veillent à ce que l'interdiction soit respectée (appareils photos à ranger dans l'enceinte de l'autel devant lequel on prie face au sanctuaire caché), l'ancienne forêt de cèdres géants, camphriers et cyprès centenaires ainsi que le pont qui y mène (le pont Uji pour le Naikû, reconstruit également tous les 20 ans) et les autres bâtiments, sont superbes et le lieu emprunt du poids du sacré et de la ferveur des visiteurs.

architecture iseise naiku cedreUn autre plaisir du pélerinage à Ise, ce sont ses kakigouri au macha fourrés à la pâte d'azukis sucrée et aux mochis !

kakigouri

En repassant par Futami, et en longeant la côte, on arrive à Toba, réputée pour ses "ama-san" (les ama, pêcheuses en apnée) et ses cultures de perle. Pour avoir un aperçu de tout cela, nous avons visité Mikimoto Pearl Island, Mikimoto Kokichi étant l'homme qui réussit pour la première fois au monde à produire des perles de culture. L'île abrite un musée qui lui est consacré, un autre à la perle et au processus de la culture (très instructif) et des démonstrations de pêche par des ama.

ama bateauama sautama sifflementEn remontant, l'ama se repose sur son panier et émet un drôle de sifflement pour relâcher la pression de ses poumons


Même si évidemment la démonstration destinée aux touristes est artificielle (elles ont remonté quelques huîtres et un beau poulpe), elle montre la technique et la tenue traditionnelle de ces pêcheuses (exclusivement des femmes depuis toujours) qui m'ont toujours fascinée. Initialement poitrine nue, la tenue de coton blanc des ama est censée éloigner les requins et les rendre plus visibles en cas d'accident.

Nous avons ensuite suivi la route de la perle, ponctuée de très beaux points de vue sur la Baie d'Ago.

yokoyama baie agoVue depuis le point d'observation de Yokoyama

Nous sommes d'ailleurs retourné le lendemain dans cette baie à la côte échancrée, parsemée d'îles, d'ilôts, de criques et des bancs d'huîtres des fermes perlières pour une petite croisière en bâteau depuis le port de Kashikojima.

culture ferme huitrebaie ago

Pour bien finir la journée, on a passé quelques heures au bord de la plage de Goza shirahama.

plage gozapanneau tsunami

On n'oublie jamais que le danger vient souvent de la mer

Le lendemain, sur le chemin du retour, nous nous sommes arrêtés à mi-chemin à Iga-Ueno, un quartier de la ville d'Iga, berceau des ninjas.

combat ninja

Visite du Musée du ninja avec un show très récréatif

Au sud d'Uji, nous avons croisé ces fameux champs de thé qui sont protégés du soleil quelques semaines avant la cueillette et qui produiront le tencha ou le gyokuro.

champ the couvertRetour à Kyoto pour nos tous derniers jours, flanerie et shopping au rendez-vous et ce soir Bon-Odori à Kitano Tenmangu. Demain, nous passerons notre dernière nuit à Ôsaka.

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